06 Vivre, à Nouveau
Bribes de vie - 14 - Et maintenant..?
Mar 14 Déc 2010
(Cliquez sur les images pour agrandir)
Le miroir ne me donne aucune réponse, juste le reflet de ce que je suis. Je n’aime pas cette image, mais le miroir ne peut mentir ; il ne fait que montrer ce que la vie a crée et modelé, jour après jour.
Je suis venue sur ce monde pour y mourir, j’ai été rappelée à la vie pour devenir votre ennemie, je suis désormais votre alliée ; mais j’ai perdu tout ce que j’avais, mon identité, ma vie, ma seule famille. Tout mes efforts jusqu’ici ont étés vains ; quelle folie de penser que l’on peut contrer le destin et lui imposer notre volonté. Ma sœur ne me reviendra pas et je ne suis pas encore sur la voie du pardon. Et pourtant…
C’est souvent lorsque tout vous échappe et que tout espoir s’envole que les événements les plus inattendus interviennent dans l’histoire. La lettre était glissée sous ma porte, sans cachet, sans signature, sans nulle indication de provenance.
« Dame Oa’Dann, voulez vous prendre votre destin en main et agir enfin sur ce monde ? Nous pouvons vous y aider. Ecoutez notre proposition. »
Ces quelques mots étaient suivis d’un lieu et d’une heure ; glissé dans l’enveloppe, une image, gnomographie volée, floue, moi observant Allixe au quartier des mages... Quand, par qui ? Aucune importance. J’irai. Je n’ai rien à perdre, dans tous les cas.
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La bécane arriva au ralenti et stoppa à mon niveau ; le son du moteur était renvoyé par la voûte de pierre, grondant et envahissant l’espace. L’homme qui la pilotait était revêtu des pieds à la tête d’une sombre armure noire mate.
« Montez. »
Le son de sa voix ne pouvait laisser planer le doute : cette résonnance, le ton sec et froid, cette intonation qui fais frissonner les vivants ; il était pareil à moi. Est-ce pour cela que je lui fis confiance ? Le fait qu’il soit lui aussi un ancien esclave du Roi Liche était-il un gage de bonne foi ? Je peut l'affirmer, non, en aucun cas. Mais toujours est-il que j’accédai à sa requête, presque un ordre, et montai à ses côtés.
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Dans un endroit à l’écart, à l’abri des oreilles indiscrètes, il me montra le dossier qu’il avait sur moi puis parla longtemps. Une organisation aux buts connus du seul ordonnateur, des gens de tous horizons, une couverture de mercenariat. Mon cas les intéressait. Un salaire garanti, une liberté absolue à côté, la sécurité d’un groupe aux liens hauts placés. Voulais-je en faire partie ?
« Avec ou contre l’Alliance ?»
La seule question qui me vint, dans l'immédiat.
« Jamais contre. »
Je n’aurais pu m’opposer à ceux qui m’avaient accueilli et redonné une place en ce monde, m'opposer aux gens qui croyaient aux valeurs du roi Wrynn. Mais si ce groupe allait dans la direction voulue par le Roi, alors c'est tout ce qu'il me fallait savoir.
Désormais, j’aurai un nouveau « maître » à servir, mais auquel je ne vendrai pas ce qui reste de mon âme. Bientôt, je ferai connaissance d’une nouvelle « famille ».
Bribes de vie - 15 - Amis
Ven 7 Jan 2011
« A travers la brume, toujours pointe le jour. » Mon père disait cela lorsque j'étais jeune; je n'ai pas compris tout de suite le sens de ses paroles. Le jour où j'ai découvert ce qu'était la brume, ce voile qui enveloppe tout de son manteau cotonneux, qui soustrait ce monde aux regards, j'ai juste aimé sa présence douce et rassurante.
L'homme qui m'a recruté se fait appeler Angélus, mais son nom d'avant est Campillo, Jack Campillo. Je ne tarderai pas à rencontrer certains de ceux qui travaillent pour lui et qui, sans rien faire pour, changeront mon avenir à jamais; deux personnes, deux humains si insignifiants à l'échelle de ce monde. Jeunes, frivoles, fragiles... en apparence.
« Vous avez pris le chemin des redresseurs de torts, bénis par les Naa'rus. Vous allez devenir le bouclier de notre peuple, le premier et le dernier remparts contre nos ennemis. Votre vie sera désormais au service des autres, et si votre mort sauve dix des nôtres, alors elle sera une bénédiction et non une perte. » Ainsi parlais nos maîtres, alors que je devenais ce que vous nommez Paladin, il y a une éternité de ça.
Riverwind était le nom de leur famille. Une jeune fille et son cousin. Studieux étudiants, mage pour elle, prêtre et médecin pour lui. Une image parfaite de la bourgeoisie de cette ville. Pourtant je suis touchée; quelque chose en moi s'attache à eux. Pour la première fois depuis tant de temps, on ne voit pas en moi un monstre, une abomination méprisante, un ennemi. Ils me traitent comme une personne. Simplement. Sans s'arrêter aux apparences. Une personne comme une autre.
La richesse et quelques secrets de famille amènent des ennuis en chaîne. Ils ont des ennemis, rien autour d'eux n'est calme, jamais. Sans comprendre pourquoi, je sais que je vais les protéger; mon but désormais, puisque je n'en ai plus d'autres. Sans y réfléchir, je décide de mettre ma vie à leur service, quoiqu'il arrive. Comme un besoin irrépressible, ce besoin de protéger profondément ancré en moi prend le dessus, comme si je ne pouvais vivre pour moi même. Est-ce que je sais seulement ce que cela signifie, d'ailleurs?
« A travers la brume, toujours pointe le jour. » Mon père ne parlait pas au premier degré; mais il m'aura fallu encore du temps pour le comprendre. « Même quant tout semble perdu, toujours renaît l'espoir. » Voilà ce que ça signifie. Merci, merci père de m'avoir guidé dans ma première vie. Maintenant à d'autres, à leur tour, de me réapprendre la signification de ce mot: vivre.
